Et pendant ce temps-là, le gouvernement continu de fermer des lits dans les hôpitaux publics.

Difficile à avaler!!

16/01/2021

Malgré des besoins croissants en matière de prise en charge médicale, plus de 5.700 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2020 dans les établissements de santé Français en pleine pandémie !!!

De cela, pas un mot dans les médias traditionnels.

Dans un contexte où il manque environ 20% de personnel soignant et où les tâches administratives croissent, les soignants deviennent uniquement des techniciens, au détriment de la relation avec les patients et de la qualité de la prise en charge.

Et pourtant l’objectif affiché du Ségur de la Santé, de ses consultations et de ses concertations avec les acteurs du système de soins était d’améliorer le quotidien des soignants et l’accueil des malades à l’hôpital.

183 euros net. C’est tout.

La CGT s’y était opposé, à la différence d’autres syndicats, et n’avait pas signé ce Ségur de la Santé. Les attentes de la CGT étaient : le dégel du point d’indice et le rattrapage de toutes ces années perdues (15 ans sans augmentation) nécessite une augmentation de salaire bien plus conséquente, pas de différenciation entre le Sanitaire et le Médico-Social et surtout des moyens humains pour une qualité de travail digne de ce nom pour la santé de tous les Français. C’était le moment ou jamais d’exiger le meilleur pour l’Hôpital Public et l’ensemble système de soins. L’opinion des Français étaient alors soutenante envers le personnel hospitalier, nous étions en position de force, en position de légitimité. Mais non !

Les « Partenaires Sociaux » signataires ont vite choisi le petit bout d’os que le gouvernement de Mr Macron trop heureux de cette négociation si rapide, a bien vite lâché.

Et maintenant ?

Maintenant l’hôpital craque : urgences qui n’ouvrent plus la nuit, services qui ferment, opérations déprogrammées et les personnels, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, qui quittent la Fonction Publique Hospitalière. Selon une enquête menée par la Fédération hospitalière de France, 25 000 postes d’infirmiers et d’aides-soignants seraient vacants, ainsi qu’un tiers des postes de praticien hospitalier. Alors que toutes les régions sont touchées, le ministre de la Santé nie cette réalité et s’enorgueillit du Ségur de la santé, qui n’a rien réglé et n’a même pas compensé le manque de personnels. Ce gouvernement considère la santé comme un coût pour les dépenses publiques qu’il faut réduire à tout prix !

C’est la casse du Service Public Français dans toute sa splendeur.

Les salaires des soignants devraient se situer au moins à la moyenne des pays de l’OCDE, mais le Ministre de la Santé Mr Véran doit tout de même s’enorgueillir de dire que grâce au Ségur de la Santé le salaire des infirmières est passé de la (honteuse) 28e place à la (médiocre) 16e place.

Cela parait invraisemblable de devoir supplier son employeur afin d’effectuer du travail de qualité. Surtout lorsque ce travail c’est de prendre soins des Français.

Il y a pourtant des solutions :

Privilégier la proximité et la qualité des soins. La loi HPST, dite loi Bachelot, ainsi que la tarification à l’activité (T2A) doivent être supprimées. Pour lutter contre les déserts médicaux, il faut instaurer un moratoire contre les fermetures de lits, de services et d’établissements. Repenser le maillage du territoire en replaçant l’humain au cœur du système, ce qui passe par la suppression des groupements hospitaliers de territoire et le démantèlement des pôles pour réhabiliter les services en donnant toute sa place à l’équipe, source de motivation des professionnels. Parallèlement, il est impératif de rouvrir des lits, et donc d’embaucher, ce qui redonnera de l’attractivité aux métiers du soin. Suivons les recommandations internationales qui visent à instaurer un ratio soignant/soigné (6 à 8 patients par infirmière selon les pathologies). La pénibilité de ces métiers doit être prise en compte avec la revalorisation des salaires. Et un grand plan de formation doit être lancé au plus vite. Ensuite, pour démocratiser le système, il est indispensable de revoir la gouvernance. Enfin, il faut rendre le pouvoir aux soignants et aux usagers, les gestionnaires ayant un travail d’accompagnement non pas de pilotage.

Plus de démocratie à l’hôpital passe notamment par un conseil d’administration composé de représentants des soignants, d’élus, d’usagers ayant des pouvoirs réels dans l’élaboration et le vote du budget ainsi que dans la conception du projet d’établissement.

Il faut aussi redonner à l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (l’Ondam, dispositif de la Sécurité sociale) son statut d’objectif et non de budget contraint.

Créer la grande Sécu 100 % par fusion des mutuelles dans la Sécu en revalorisant les tarifs actuels à l’occasion d’une grande négociation avec les professionnels afin de mettre fin aux dépassements d’honoraires. Revoir la gouvernance de la Sécu pour instaurer une cogestion entre l’État, les représentants des professionnels et des usagers. Sanctuariser les recettes de la Sécu. Développer la démocratie sanitaire.

D’un autre côté, les cliniques privées, spécialisées dans les pathologies les plus rémunératrices, sont en mesure d’offrir de meilleures rémunérations aux soignants et participent à la fuite de nombreux praticiens des hôpitaux publics. Cependant, l’essentiel des difficultés sont internes à l’hôpital. Manque de moyens, manque de personnels, gestion managériale inadaptée, poids des agences régionales de santé (ARS) sont autant de maux dont souffrent les hôpitaux publics. Le chantier est vaste et suppose de sortir de la logique néolibérale dans laquelle sont englués les décideurs publics. Il faut des moyens supplémentaires pour rémunérer correctement les personnels des hôpitaux. Cette étape est indispensable car il faut d’urgence améliorer les conditions de travail des agents et stopper l’hémorragie de départ des personnels. Il faut ensuite repenser la gouvernance des hôpitaux en réduisant le poids des ARS et en redonnant des moyens de décision aux soignants et aux patients. La gouvernance hospitalière ne peut être guidée uniquement par des contraintes budgétaires mais doit tenir compte des besoins des soignants et des patients. Enfin, et c’est un aspect essentiel, le financement de l’hôpital public doit être à la mesure de ses besoins. La commission des comptes de la Sécurité sociale estime que la croissance du financement de l’hôpital doit être de près de 4,5 % par an, or celle-ci est de l’ordre de 2 à 2,3 % chaque année. Ce manque de financement impose aux hôpitaux des mesures d’économies toujours plus importantes. Pour sauver l’hôpital public, il faut sortir d’urgence de cette logique purement comptable.

 

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